XYNTHIA. "Aujourd'hui, on préfère tracer des pistes cyclables et des parkings pour touristes plutôt que d'entretenir les digues", disent-ils. Explication
Ne comptez pas sur Tony Brin pour tirer une quelconque fierté d'avoir reçu, hier, le ministre de l'Agriculture et de la Mer, Bruno Le Maire. L'ostréiculteur rétais basé sur la route de La Couarde a présenté les dégâts de son exploitation, comme il l'a fait auprès de l'huissier qui est venu constater lundi matin. Il préfère parler au nom des 1 100 entreprises et des 20 000 employés du secteur que compte le département.
Mais puisque son cas devait servir d'exemple au ministre, il a dit ses pertes essentiellement matérielles (ses parcs n'ont pas été touchés) qu'il chiffre cependant à plus de 100 000 euros. Lui n'a pas envisagé de mettre les 12 employés de La Moulinate au chômage technique même si ses carnets de chèques ont été emportés par la vague tempétueuse. Il y a bien trop à faire pour aider les copains et tous les bras sont les bienvenus.
L'engagement ministériel auprès de la profession et les aides annoncées par Bruno Le Maire l'ont réconforté malgré une prudence de rigueur. C'est que Tony Brin en a gros sur la patate. Ce qui vient de se produire ne se serait pas produit, selon lui, si les digues avaient été de qualité. Il n'oublie pas qu'une décision de justice prise en 2002 l'a contraint à démonter, sur ses fonds propres, celle qui avait été érigée par les ostréiculteurs il y a trois générations. Les anciens l'appelaient « la digue Maginot ». Elle faisait dans les 800 mètres et protégeait La Couarde. « J'ai vraiment la haine vis-à-vis de l'administration. Mon grand-père avait participé à son édification dans les années 30. Nous financions les travaux et la commune nous emmenait les gros cailloux. Les Rétais avaient le savoir-faire, bien plus que certains ingénieurs. Mais que voulez-vous, aujourd'hui, on préfère tracer des pistes cyclables et des parkings pour touristes plutôt que d'entretenir les digues. Ces fonctionnaires incapables n'ont plus qu'à s'excuser mais ils ne viendront pas. »
Il est d'autant plus amer que ses claires se trouvent juste derrière la digue. Maintenant, il craint de subir une fermeture administrative alors que les eaux souillées ont envahi l'exploitation créée en 1932. « Cela fait des années que nous demandons que nos côtes soient étanchéifiées, mais rien n'y fait. On nous méprise », poursuit Tony Brin.
Une réunion dès demain
L'homme est excédé par les malheurs accumulés par la profession. Il égraine la litanie avec la crise, la surmortalité des naissains, les stocks non écoulés... « Comment se relever ? », s'interroge l'ostréiculteur. Il ose espérer que les assurances ne se montreront pas trop regardantes pour rembourser au prix fort un matériel qui s'use à grande vitesse.
Bruno Le Maire l'a peut-être rassuré sur ce point en affirmant qu'il reviendrait dans quelques semaines pour vérifier que tout se passe pour le mieux. En attendant, Tony Brin suivra avec attention les décisions de la commission que le Conseil général a mis en place pour décider et voter les premières mesures pour la réfection des digues. La première réunion aura lieu dès demain.
Source : Sud-Ouest du 4 mars 2010
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