APRES XYNTHIA. Une noria de camions bennes approvisionne le littoral. Sur Ré, 13 km de digues sont à réparer ou reconstruire
Après les colonnes de secours transportant pompiers, cuissardes et motopompes, voici les semi-remorques chargés de lourds engins de travaux publics et les camions aux bennes gavées de roches. Direction : les plaies ouvertes sur la côte. Droit devant, et rapidement, s'il vous plaît !
Pour la seule île de Ré, ce sont 13 kilomètres de digues endommagées ou tout simplement détruites. Vaste, ce chantier l'est, assurément. Car jamais la défense des côtes n'avait mobilisé autant de moyens humains et matériels. Une mission poussée par l'urgence, aussi, puisque de prochaines marées de vives eaux se profilent pour la fin du mois, et avec elles un risque de submersion, si les brèches ne sont pas colmatées.
À Saint-Clément-des-Baleines, le maire évoque le pompage, toujours en cours, un coup de fil du patron de la colonne de sapeurs de Mont-de-Marsan remerciant le bon accueil reçu. Mais surtout, Gilles Duval n'en finit pas de rembobiner le film des événements récents. 800 mètres de digues à plat, sachant que, de son point de vue, ce qui « n'est pas tombé est mort ».
« Cinq années de travaux »
Sur la côte occidentale de la commune, l'élu désigne cependant un parapet qui a gardé la tête droite. Une cinquantaine de mètres reconstruits il n'y a pas deux ans, qui s'offriraient donc en exemple d'une reconstruction efficace ? Gilles Duval pétrit ses certitudes : « Le problème, c'est que les digues ne sont pas faites pour être attaquées par-derrière. Or, avec la submersion, c'est ce qui s'est passé. Pour un événement aussi rare, la question n'est pas de savoir s'il faudra construire des digues plus hautes. Si elles avaient tenu, ça n'aurait pas été la catastrophe. Ce qu'il va nous falloir, ce sont des digues solides. »
Et voilà pourquoi Gilles Duval imagine d'enrocher ces ouvrages sur leur face arrière. Des experts trancheront sûrement. Reste qu'à l'aune d'une commune comme Saint-Clément-des-Baleines, le maire n'attend pas moins de « cinq années de travaux ».
Mais l'heure des projections à moyen terme n'a pas sonné. Cinq semaines pour traiter l'urgence, c'est le seul délai qui a cours. C'est celui qu'accepte François Dussaud. Chez Ré-Travaux publics, l'entreprise qu'il dirige à Sainte-Marie-de-Ré, on s'est fait depuis une demi-douzaine d'années une spécialité des marchés publics pour l'entretien des digues.
Pas de hausse des tarifs
Le week-end de la tempête, la société avait été placée en veille par le Conseil général. Une équipe de 21 spécialistes qui, en une semaine, a multiplié par deux ses effectifs, a renforcé son parc de matériel en s'appuyant sur la synergie du groupe Malet, dont elle relève, ou sur des loueurs spécialisés.
Des bulldozers, des chargeurs, des pelles mécaniques, et toutes sortes d'engins à chenilles et à godets ont convergé vers le territoire. Les moteurs ronflent, les échappements crachent, les pelles raclent, et les bennes déchargent. Il faut aller très vite. Tasser, tasser, tasser, rehausser, rehausser, rehausser.
Quel que soit l'horizon insulaire où le regard est tenté de se perdre, il ne bute plus sur le clocher d'Ars, mais sur le bras articulé d'une pelleteuse. Plage de Montaumer à Sainte-Marie, derrière la base nautique à La Couarde, site de la Petite Tonille en bordure de la fosse de Loix, en divers points du Fier d'Ars, en d'autres de Martray ou de Saint-Clément, et nous ne sommes pas exhaustifs, les intervenants se multiplient, tous spécialistes des travaux publics. La recette des pansements est partagée. Elle repose sur deux ingrédients. Mélange de terre argileuse et de blocs rocheux ; « une technique d'urgence, pas de réparation », souligne François Dussaud. La première est fournie par les déblais d'un curage de chenal à La Couarde. Quant aux blocs, s'ils sont blancs et calcaires, c'est qu'ils sont fournis par des carrières proches de Trizay et Beurlay. Noirs, c'est de la diorite caractéristique du massif Armoricain, dont les premiers gisements sont disponibles dans les Deux-Sèvres. La demande en matériaux semble très importante.
Pour ce qui le concerne, François Dussaud n'évoque aucun problème d'approvisionnement. Les carriers suivent le mouvement et, souligne le directeur de Ré-TP, nul ne profite de la situation pour augmenter ses tarifs. « Même si dans de telles circonstances, certains peuvent en avoir la tentation, personne n'exagère. Parce que c'est une catastrophe. »
Source : Sud-Ouest du 9 mars 2010
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