Le pénitencier de Saint-Martin, dont la partie la plus ancienne a été construite par Vauban, vit ses dernières an nées d'activité. Sera-t-elle reconvertie en musée du bagne ?
Un domaine de 440 hectares aux portes de la ville. Trois siècles d'une histoire prégnante égrenée de noms ou surnoms célèbres : Mirabeau, Dreyfus, Papillon, Seznec (1). De hauts murs qui, depuis plus de trois cents ans, renferment autant de mystères que de vies mises entre parenthèses. La centrale pénitentiaire de Saint-Martin-de-Ré va bientôt disparaître du paysage carcéral français.
Elle sera sacrifiée sur l'autel d'une méga prison super-moderne construite quelque part en Charente-Maritime (« Sud Ouest » du 11 mars). En 2015, 2017 ? Rien n'est encore fixé. Mais le compte à rebours est déjà enclenché pour la commune de Saint-Martin et pour l'île, qui vont devoir apprendre à vivre sans leur pénitencier, ses 284 salariés, ses 400 détenus et les familles de ses détenus qui viennent régulièrement leur rendre visite.
Plus question de chanter « Merde à Vauban » devant la porte Nord de la Citadelle, celle qui s'ouvre sur l'océan et le bagne de Cayenne. Car grâce à Vauban, Saint-Martin-de-Ré est désormais inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.
Deux questions se posent à l'évidence sur la fermeture de la centrale de Saint-Martin : quelles en seront les conséquences économiques et qu'adviendra-t-il des bâtiments ?
Le pont a tout changé
« Même si je savais que cela arriverait, que c'était inévitable étant donné le manque de fonctionnalité des deux bâtiments séparés, je resterai un nostalgique du pénitencier. Nous autres, les enfants de l'île, on est nés avec la centrale. Mais l'État veut maintenant des prisons presse-bouton. C'est comme ça », commente, fataliste, Léon Gendre, le conseiller général du canton et maire de La Flotte. Il fait partie du Conseil de surveillance de l'établissement, tout comme le maire de Saint-Martin, Patrice Dechelette, et reste très au fait de ce qui se prépare.
« Même s'il ne faut pas le négliger, l'impact économique ne sera pas aussi important qu'on peut le craindre. Autrefois, avant le pont, tout le personnel pénitencier vivait dans l'île. Avec famille et enfants. Je me souviens que l'équipe de football de Saint-Martin-de-Ré n'était quasiment composée que de surveillants. Aujourd'hui, le plus grand nombre d'employés de la prison vit sur le continent », poursuit Léon Gendre. Demeurent tout de même les anciens surveillants ou familles d'anciens surveillants qui sont restés sur l'île.
Le pont a tout changé. Même si la centrale demeure le premier employeur de l'île, ses fournisseurs, ses artisans ne sont plus seulement des insulaires.
Un musée du bagne ?
Le vrai manque à gagner économique concernera surtout la commune. Les 400 prisonniers sont comptabilisés comme des habitants et la dotation globale de fonctionnement que Saint-Martin reçoit de l'État sera minorée d'autant quand ils ne seront plus là. On pourrait également penser que les familles des détenus, par leurs visites au parloir, représenteraient un poids économique pour l'île. Mais il semble minime.
« Dérisoire, même. Nous en accueillons, bien sûr, de temps à autre. Pour une nuit ou deux. Mais cela ne représente qu'un faible pourcentage de notre clientèle », affirme Jocelyne Neveur, gérante de l'hôtel La Barbette.
Peu de familles vont à l'hôtel. Pour des raisons économiques mais également parce la majorité est accueillie à l'association l'Embellie.
Un chiffre est tout de même avancé pour la perte économique du départ du pénitencier pour l'île. Il serait de 2,5 millions d'euros.
Après 2015 ou 2017, quand les portes du pénitencier se seront refermées, il restera à décider du devenir de ce lieu emblématique de l'histoire rétaise. « Tout appartient à l'État. Ce sera à lui de prendre ses responsabilités. Pour ma part, j'ai fait des propositions. Que la communauté de communes puisse acquérir la caserne en la transformant pour en faire des logements sociaux et que la citadelle, qui est classée monument historique puisse accueillir un musée du bagne. Ce serait, selon moi, la vocation idéale du lieu. Mais ce ne sont que des propositions », ajoute Léon Gendre.
(1) « Le Pénitencier de Saint-Martin-de-Ré de 1685 à nos jours » par Monique, France Océane, 1998.
Source : Sud-Ouest du 17 Mars 2010
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