Un animal et surtout une marque

Régis Léau est l'éleveur des fameux ânes en culotte de l'île de Ré. Il se bat depuis quelques années pour être le seul à en exploiter l'image.

Les ânes en culotte de l'île de Ré ont fait beaucoup pour la notoriété de l'île de Ré et de sa capitale fortifiée,  Saint-Martin. Ils sont une image de tradition, une image aujourd'hui d'ailleurs largement véhiculée par les médias et notamment la télévision, puisque plusieurs chaînes de télé ont produit reportages et documentaires sur l'élevage rétais des ânes de Régis Léau.

Rappelons, pour la petite histoire, que les ânes servaient au transport du sel et de la vigne à travers les marais. Ils avaient les pâtes habillées de culottes pour les protéger des piqûres de moustiques et autres insectes.
Plus que de simples animaux sur le dos desquels les enfants font des balades l'été au parc de la Barbette,  "les ânes en culotte" sont depuis quelques années une marque à part entière.


Des culottes en vichy à celles en toile à matelas

C'est d'abord André Léau, le père de Régis, qui perpétuera la tradition après les années cinquante. Pour séduire les vacanciers, il continue d'habiller ses ânes avec des culottes en vichy rouge et blanc ou bleu et blanc, alors qu'il y a bien longtemps que les ânes ne servent plus aux transport des produits agricoles. L'image séduit et la notoriété touristique de l'île de Ré et des remparts de Saint-Martin est intimement liée à celle de ces ânes.

En 1985, André passe la main à son fils Régis. Celui-ci se prend de passion pour les bêtes et se découvre véritablement une vocation d'éleveur, alors qu'au départ, il ne se destinait pas du tout à exercer cette profession.

Comme son père, Régis perpétue la tradition et propose les balades à dos d'âne l'été au parc de la Barbette de Saint-Martin. Les enfants font la queue. Les parents photographient. Les souvenirs de vacances sont uniques. L'île entière se prend de passion pour les baudets. Mais Régis est las de voir d'autres commerçants exploiter l'image de ces animaux, alors que l'élevage lui appartient et que c'est lui qui 365 jours par an prend soin des bêtes, les nourrit et développe l'élevage en faisant de la reproduction.

Des produits dérivés

En 1996, il prend les choses en main. Il dépose la marque à l'INPI (Institut national de la propriété industrielle) puis par étape, il protège de plus en plus l'exploitation de l'image des animaux et décide, lui aussi, de commercialiser des produits dérivés.  Il y a quatre ans, il change le tissu des culottes, cela peut paraître anecdotique mais en fait, c'est capital. Le vieux vichy laisse place à des culottes en tissu rayé de toile à matelas. Désormais, avec ce tissu, il peut contrôler les produits dérivés qui inondent le marché rétais. Si l'un d'entre eux exploite l'image d'un âne avec une culotte en toile à matelas, c'est bien à Régis Léau qu'elle appartient.

Il fait créer un logo par un designer, il prend les conseils d'un avocat spécialisé en droit des marques. Et il commercialise peluches, porte-clés et cartes postales, sur son stand au parc de la Barbette mais aussi dans 40 points de vente en Charente-Maritime. "Il faut se battre contre la concurrence. Moi, mes peluches sont certifiées pour être manipulées par un enfant de moins de 36 mois mais évidement, cette exigence de qualité a un coût."

Aujourd'hui, Régis Léau mène un combat contre les éditeurs de cartes postales avec plusieurs procès en cours. "Je suis tout à fait d'accord pour qu'ils exploitent l'image de mes ânes, mais je veux toucher des royalties dessus", ajoute-t-il avant de préciser que l'activité d'éleveur est loin d'être très lucrative. "En plus, conclut-il avec le sourire, en achetant mes produits, les vacanciers participent aussi à du commerce équitable puisqu'ils soutiennent mon activité d'éleveur".

Source : Le Phare de Ré du 25/08/2010