Jeudi 26 janvier, l'association des Amis du musée a fait don de deux tableaux du peintre Louis Suire au musée Ernest-Cognacq à Saint-Martin-de-Ré. Retour sur la vie de cette figure rétaise avec Claude Suire, fils de l'artiste peintre.
Louis Suire, par amour de l'île de Ré
Lorsque l’on arrive impasse des Aquarelles, dans le hameau de La Rivière aux Portes-en-Ré, on comprend aussitôt les raisons qui ont poussé Louis Suire a en faire son refuge en 1929. Certes, la maison n’était pas exactement la même et tout le confort moderne qu’on y trouve aujourd’hui était, à l’époque inexistant.
N’empêche, cette maison avait un petit air de paradis pour l’artiste peintre, son épouse Hélène et leur fils, Claude. “Nous y passions toutes nos vacances. Je ne me souviens pas être allé ailleurs”, souligne ce dernier.
Né, à l’aube du XXe siècle, en 1899, Louis Suire est issu d’une famille bourgeoise rochelaise. Dès son plus jeune âge, il manifeste le désir d’être peintre. “La famille avait déjà eu un peintre dans ses rangs, à l’époque de Napoléon, Jean-Baptiste Mesnier”, indique Claude Suire. Louis Suire s’initie à l’art grâce à son professeur de dessin, Louis Giraudeau. C’est aussi lui qui lui fait découvrir l’île de Ré, dont il est natif, en 1912. Louis Suire n’est encore qu’un adolescent, mais se promet d’y acquérir, un jour, une maison.
“À cette époque, il n’y avait pas de tourisme. L’île appartenait uniquement aux Rétais. Certains d’entre eux n’avaient, d’ailleurs, jamais posé le pied sur le continent. Mon père a parcouru l’île à bicyclette. Il a eu un coup de foudre pour le lieu.” Mais avant d’acheter la maison de ses rêves, Louis Suire part à Paris. Il a été reçu aux Beaux-Arts. Là-bas, il mène une vie de bohème. N’en étant plus à un talent près, pour gagner sa vie, il joue du piano dans les cinémas de la capitale qui projettent des films muets. Il accompagne ainsi les péripéties à l’écran de Charlie Chaplin et Buster Keaton. “Il était incapable de déchiffrer une partition. Il ne faisait qu’improviser et jouer à l’oreille”, précise Claude Suire.
Sa vie parisienne est interrompue par la Première Guerre mondiale. Il est appelé sur le front, mais revient rapidement, la signature de l’armistice survenant, par chance, peu de temps après sa mobilisation.
Un ambassadeur de l’île de Ré
Après la guerre, il présente une exposition, la première d’une longue série, avant de retrouver sa ville, La Rochelle. En 1923, il épouse Hélène. Les deux amoureux se sont rencontrés à l’âge de 14 ans. Dès lors, ils se sont promis un amour éternel. Promesse tenue, puisqu’ils ont vécu ensemble toute leur vie, et sont morts tous les deux la même année, en 1987. À La Rochelle, ils vivent à l’angle de la rue Villeneuve et du Quai Maubec. Aujourd’hui, la passerelle qui enjambe le canal face à cette maison porte le nom de Louis Suire. Le peintre, “qui ne cédera jamais aux modes du surréalisme, du cubisme ou du dadaïsme”, d’après son fils, conserve un style classique. Il peint principalement des paysages de Ré, La Rochelle et du Marais poitevin. Durant sa carrière, il expose localement, ainsi qu’à Tours, Saint-Tropez, qui n’est pas encore la station balnéaire à la mode qu’elle deviendra par la suite, mais aussi en Espagne, au Portugal et, surtout, à Paris. “Beaucoup de Parisiens ont découvert l’île de Ré grâce aux tableaux de mon père. Il a contribué, d’une certaine manière, à la notoriété de l’île”.
Louis Suire donne également des cours de dessin au sein du collège Fénelon à La Rochelle. “Toute sa vie, mon père a pu vivre de son art. Même s’il a eu une carrière principalement locale, il avait acquis une bonne cote.” En parallèle, l’artiste crée une maison d’édition, La Rose des vents, qu’il utilise pour publier des ouvrages sur la région, qu’il illustrait lui-même, à la main. Ces livres ont eu beaucoup de succès à leur sortie.
Lorsqu’elle est sur l’île de Ré, la famille Suire aime les plaisirs simples, aller à la plage de la Conche, “sur laquelle il n’y avait pas un chat”, ou bien pêcher des crevettes à marée basse.
Puis, survient la Deuxième Guerre mondiale. Louis Suire est à nouveau appelé sous les drapeaux. Cette fois-ci, la chance n’est pas au rendez-vous. Fait prisonnier à Dunkerque, il est emprisonné pendant deux ans dans un camp de travail en Allemagne. “À son retour, il était très affaibli, mais a rapidement recouvré des forces et a continué à peindre et à exposer. Ma mère l’a toujours soutenu. Ils ont formé un couple idéal toute leur vie”.
De son père, Claude Suire garde le souvenir d’un “homme bon, généreux, à principes, comme cela se faisait à l’époque. C’était aussi quelqu’un de très spontané, peu coléreux et qui avait un grand sens de l’humour. Il aimait les plaisanteries, à condition qu’elles soient fines et intelligentes. Il était aussi très sociable et se faisait facilement des amis. Parmi ses amis les plus fidèles, on compte les peintres Philippe Chabaneix et Gabriel Charlopeau.”
Des Suire à suivre…
La vie et la passion pour la peinture de Louis Suire ont fortement marqué sa descendance, comme si le gène de l’art se transmettait de génération en génération. Son fils, Claude Suire, a également suivi une vie d’artiste peintre. “Toute ma vie, j’ai baigné dans une ambiance artistique. Quand j’étais enfant, j’étais entouré de peintres, de musiciens, de tableaux, de livres. J’ai forcément été influencé.” Cette même influence a touché le petit-fils de Louis Suire et fils de Claude, Olivier Suire-Verley, peintre internationalement connu, dont l’atelier est installé face à la maison achetée en 1929. Et, comme le dit le proverbe, bon sang ne saurait mentir. La quatrième génération de Suire semble, elle aussi, sur le chemin des arts. À suivre…
Les deux œuvres offertes par l’association des Amis du musée sont actuellement exposées dans le hall du musée Ernest-Cognacq.
Source : Le Phare de Ré du 04/02/2012
22 septembre, 2012
Louis Suire, par amour de l'île de Ré
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Salut
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