07 septembre, 2009

La Rochelle, terre de voileux


Léna Lutaud 23/07/2009 Mise à jour : 11:34
Le Vieux-Port et les tours de la Chaîne et de Saint-Nicolas. (Emmanuel Fradin pour Le Figaro)
PLAGE D'ÉTÉ (10/30) - Chaque été, sur le parvis de la gare de La Rochelle, les arrivants se scindent en deux. La majorité grimpe à bord des bus décorés de mouettes bleues, direction l'île de Ré et ses plages sauvages. Les autres se font déposer dans les deux ports de la ville…

À La Rochelle, plus grand port de plaisance de l'Ouest européen, les voileux forment une ville dans la ville. Sportifs de haut niveau, résidents à l'année, plaisanciers de passage, retraités… les tribus de marins sont nombreuses.
«Chaque ponton est un village», s'amuse Patrice Bernier, maître de port principal. Niché au cœur de la ville, le Vieux-Port est le plus confidentiel. «On y va surtout pour une escale plaisir, dîner, faire du shopping », témoigne Fabrice, jeune voileux parisien. Mais encore faut-il savoir naviguer sur le chenal, où l'on peut s'ensabler à marée basse : «Entre les croisiéristes qui vont à Fort Boyard, les écoles de voile et les bus de mer qui traversent la baie, c'est le périphérique !» sourit-il. Comme bien des initiés, il n'aime plus dormir au « havre d'échouage», ainsi que les autochtones surnomment le Vieux-Port : «Trop de bruit, de nuit comme de jour.»
Serrés comme des sardines
Les capitaines d'industrie aux voiliers en teck et yachts de plus de vingt mètres de long n'ont pas ce souci. À l'écart de la foule, ils se retrouvent dans le bassin des Chalutiers, au pied du célèbre aquarium de La Rochelle. «Mais ici, ce n'est pas Saint-Trop', prévient d'emblée l'un de ces aristocrates de la mer en garant sa Porsche. Nous, nos bateaux sortent du port, et notre unique people, c'est Bernard Giraudeau.» Pour l'apéritif et le dîner, «on se fait livrer à bord par le chef Grégory Coutanceauou nous réservons une table au restaurant gastronomique tenu par son père », confie son épouse. Mais ce qui fait également plaisir, c'est d'être invité à une soirée décontractée offerte par ceux qui vivent à l'année sur leur bateau.
Ambiance radicalement différente, en revanche, à l'entrée du chenal, aux Minimes. Au bar Le Cargo, dont les lettres en néons verts ne cessent de clignoter, les tablées d'équipages commentent leurs aventures à coups de bière pression bien fraîche. «Les clients viennent en fonction de la marée», bougonne le patron.
Sur l'immense esplanade, des supérettes et des échoppes à chichis guettent le chaland. Pour des courses plus fournies, on emprunte un vélo à remorque à la capitainerie et on pédale dix minutes pour aller au Champion, derrière le multiplexe CGR et le McDonald's. «Pour ceux qui ne sont pas passionnés de voile, l'endroit est franchement glauque», reconnaît Fabrice. Dans le ciel, les mouettes patrouillent au-dessus de 3 600 ba­teaux serrés comme des sardines, le long de 45 pontons. Ouvert 24 heures sur 24, le port reçoit une centaine de voiliers de passage par jour. Ceux qui rêvent d'un anneau doivent patienter entre trois et six ans. De quoi avoir le temps d'assimiler les quatre règles non écrites qui signalent le sérail : 1) Posséder un bateau à voile plutôt qu'à moteur. 2) Traverser par l'avant du bateau voisin pour rejoindre le quai, quand on est «à couple». 3) Ne pas se mettre « à couple » si on a un chien dont les griffes pourraient rayer le ponton du voisin. 4) Éviter de laisser ses drisses cogner toute la nuit sur le mât. En un mot, être discret.

Ermite, luthier et écolo
«On se salue, mais pas toujours : c'est selon la taille de votre bateau et si vous êtes un voileux ou un moteur. Enfin, pour partager l'apéro, il faut vraiment se connaître. Cela dit, si vous avez du mal à apponter, il y aura toujours quelqu'un pour aider», témoignent Christine et Alain Martin-Mazé, habitués du Ponton 2. En face, le «Lazaret» - ou ponton n° 1 - est le domaine des futurs grands skippers. «C'est ici qu'on prépare la transat en solitaire à bord de bateaux de 6,5 mètres entre La Rochelle et Bahia, au Brésil», explique Caroline Vieille, qui s'élancera le 13 septembre à bord de son monocoque Tamagoshi. Sur ce même ponton, le dernier voilier avant la mer s'appelle le « Fiddle One». À son bord, Jack Allonneau, le personnage le plus attachant du port, un ermite connu des seuls initiés. «Je vis ici à l'année», confie ce luthier qui joue du Bach sous les étoiles tout en bricolant ses panneaux solaires et autres éoliennes. Arrivé en 1995, cet écolo s'entend bien avec tout le monde sauf avec les pêcheurs : «Leurs hameçons lestés de plomb raclent les coques des voiliers. » Il regrette aussi que la capitainerie change si souvent les bateaux de place. « Cela a cassé de bonnes ambiances. Un ponton, dès qu'on le quitte, cela met de la distance et on ne se voit plus.»

PARCOURS D'INITIÉ
Que des bonnes adresses - Proche du Limousin et de Bordeaux, La Rochelle est une destination de foodies, ces dingues de produits et de restaurants. Après un arrêt à la Maison d'Espagne (jambon pata negra…) et chez le caviste Jean-Marie Floirat, on file vers le marché couvert, ouvert tous les jours jusqu'à 14 heures. Une fois avalé son expresso (servi avec un mini-biscuit charentais) au café Gerbe de Blé où les habitués lisent Sud-Ouest, on s'attaque aux étals. À la poissonnerie Dubois, prendre bar, sole, maigre et anguille. À la boucherie Cyril, on salive devant les côtes de bœuf limousin et le melon farci d'agneau. Les tomates cornues des Landes et les pommes de terre grenaille de l'île de Ré se trouvent aux Jardins d'Anna. Quant à la Rolls Royce du lapin, le rex du Poitou, c'est chez René. La brioche à l'ancienne s'achète au Pain de mon enfance. Et enfin, pour un pique-nique chic, le chef Grégory Coutanceau livre des paniers à emporter. Demander Émilie au 05 46 41 90 76.
Pause gourmande - Outre les quatre restaurants de l'empire Coutanceau (Les Flots, L'Entracte, Le Comptoir des voyages et le Relais & Châteaux sur la plage de la Concurrence), il faut s'offrir un plateau de fruits de mer chez André. Les skippers se retrouvent autour d'une pizza au feu de bois au Teatro Bettini, 3, rue Thiers, un repaire voisin du marché. Juste à côté, réservation obligatoire, à La Cuisine de Jules. Tél. 05 46 41 50 91 : Salade de Saint-Jacques au pata negra, seiches et infusion au basilic. C'est le bistronomique rochelais qui monte. Son rival, LeBoute-en-train, se trouve dans la vieille ville, 7, rue des Bonnes-Femmes. Tél. 05 46 41 73 74. Pour siroter un cocktail, direction le France 1 , près de l'Aquarium. Une terrasse de fauteuils beiges et tables en teck est installée sur le pont supérieur de cette ex-frégate météo.
Pour se distraire - Après un détour chez Ernest , sur le port, pour son extraordinaire sélection de glaces, chantilly et cornet au beurre fait maison, direction l'Aquarium . Climatisé, ludique et ouvert de 9 heures à 23 heures, c'est l'un des plus beaux d'Europe : http://www.aquarium-larochelle.com/ La visite guidée nocturne dans des lieux insolites habituellement fermés au public est également originale. Réservation à l'office du tourisme : http://www.larochelle-tourisme.com/ Enfin, pour une sortie en mer, s'adresser à Altamaris. Découvrir les mouillages des îles de Ré, Aix et Oléron sur un voilier de 11 mètres coûte 400 € la journée avec un skipper. Tél. 05 46 67 04 00 ou 06 83 87 43 37.

Source : Le Figaro du 23 juillet 2009

1 commentaire:

  1. Magnifiques commentaires et découvertes de "notre" La Rochelle.
    Que de nouveautés !!!
    Merci.
    Marylou

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